L'AUTRE SAINTE-HÉLÈNE
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QUI ÉTAIT NAPOLÉON ???


Une question qui paraîtra trop basique à nombre de lecteurs mais, à notre époque où l'enseignement de l'Histoire est réduit comme une peau de chagrin, et où certains écoliers pensent que Waterloo était une victoire de Napoléon [1], il n'est pas inutile de l'honorer d'une réponse. Et parmi celles, nombreuses, qui pourraient très bien "décrire" Napoléon, j'ai choisi celle du comte de Las Cases en 1818.

Le comte de Las Cases
Le comte de Las Cases

La raison principale est qu'il a été un proche compagnon de Napoléon à Sainte-Hélène (un contexte qui m'intéresse évidemment), et donc a connu "l'homme" Napoléon plutôt que "l'Empereur", entouré de sa Cour Impériale et de ses ministres, ou le "Grand Capitaine", à la tête de sa toute puissante Grande Armée. Aussi, Las Cases a tenté de renverser le sentiment de la nation anglaise en faveur de Napoléon, ce qui n'était pas une mince affaire et qui devait nécessairement employer des arguments "percutents". Enfin, comme on pourra le constater dans le texte présenté ici, Las Cases n'avait nul autre pareil pour envelopper ses écrits de cette emphase qui a contribué, certainement, à forger la "légende" napoléonienne.

Le texte est tiré d'une publication [2] qui a eu la forme d'une pétition à l'intention du Parlement britannique pour tenter de convaincre ses membres de regarder Napoléon d'un autre oeil. Le but ultime étant de lui permettre de vivre comme un monarque en exil au sein de leur nation, en Angleterre, ce dont pourra bénéficier plus tard son petit-neveu, Napoléon III, après la défaite de Sedan. Il semble que cette pétition soit cependant restée à l'état de projet.

Pétition de Las Cases
Le projet de pétition de Las Cases

A l'époque, de grands bouleversements étaient apparus dans la situation de Napoléon à Sainte-Hélène, après le départ de Las Cases en fin 1816. En effet, lors de cette année charnière de 1818, la petite communauté de Longwood avait souffert d'un premier décès, celui de Cipriani, le maître d'hôtel de Napoléon, ce qui pouvait laisser présumer un climat néfaste à la santé. Puis le général Gourgaud était rentré en Europe et décriait à Londres contre son ancien bienfaiteur. Enfin le renvoi fracassant du docteur irlandais Barry O'Meara, médecin personnel de Napoléon, commencçait à défrayer la chronique dans la presse anglaise. De surcroît, les Puissances Alliées étaient sur le point de se réunir en congrès à Aix-la-Chapelle, pour la première fois depuis le Congrès de Vienne en 1815. Les espoirs d'une amélioration des conditions de la détention de Napoléon étaient alors fixés sur Aix-la-Chapelle plutôt que sur Londres. Les monarques allaient-ils annuler cette détention et permettre à Napoléon de s'installer sous un climat européen, comme il le souhaitait? On déchantera vite, au début de 1819, une fois que les décisions de ce Congrès furent connues. Mais, en 1818, on se permettait d'espérer...

Dans sa pétition, le comte de Las Cases a repris les principales doléances de Napoléon, et sur le bien-fondé de sa détention, et sur les conditions dans lesquelles elle se déroulait. Mais Las Cases a aussi tenté de prendre les membres du parlement anglais au coeur, en tentant de leur expliquer que leur nation seule, du fait de son libéralisme, aurait pu, et aurait dû, comprendre Napoléon de part ses actes et ses accomplissements. C'est dans cet esprit qu'il prit à partie les lecteurs potentiels de son harangue en répondant à l'hypothétique question: "Mais qui était Napoléon, et à quels titres il pouvait prétendre?"


Notes:

[1] Voir article d'Alain Decaux, "Historia et son combat", dans le magazine Historia No.768 de décembre 2010.

[2] Las Cases, Comte de, Projet de Pétition au Parlement d'Angleterre, Librairie Cotta, Stuttgart, 1818. L'ouvrage est disponible en ligne, notamment sur le site Google Books.



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